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25 février 2006 6 25 /02 /février /2006 12:39
 Bollywood song: Humne Sanam Ko Khat


Quelques nouvelles. Difficile de savoir quoi dire, c’est tellement loin de chez vous… Peut être le mieux est il d’aller se faire une idée en regardant les photos dans l'album "appercu du Kutch" . Ensuite revenir pour lire ces impressions très personnelles.

Très personnelles car il n’est pas de raison de décrire ce que je vois ici ; c’est finalement du vu et revu sur les reportages en Inde, en Afrique, au Moyen Orient ou Asie et dans je ne sais encore quelles contrées arides. Les maisons aplaties par le soleil, les gens emmitouflés de châles, turbans et tuniques bouffantes pour s’en protéger. Les engins motorisés de toute sorte customisés, hors d’âge et ne devant leur salut qu’à la patience des usagers et l’adresse des mécanos. Les étages de pot sur la tête des femmes allant chercher l’eau et les troupeaux de bétail en liberté dans les rues qui sont traits à domicile au lever du soleil. Au bout de deux semaines c’est devenu un quotidien qui ne semble plus trop surprenant, depuis le temps que je m’attendais à faire un petit tour dans un tel coin. Par contre pour moi ça prend sens. Depuis bientôt quatre ou cinq ans à m’intéresser aux différents aspects de l’accès à la ressource eau, tout à coup la finalité est là, sous mes yeux : de mes premières lecture sur les nappes en voie d’assèchement en Afrique du Nord aux méthodes de collectes d’eau de pluies en passant par les traitements et désormais les biblios du « Journal of Arid Environment» et les recherches en condensations diverses en conditions variées. Tous ces questionnements et hypothèses à traiter et résoudre avec tout le temps en tête un endroit tel que celui-ci dictant les contraintes de coût, de choix des technologies et de mise en œuvre. Donc tout à coup le sentiment que ce travail n’était pas seulement un caprice scientifique pour décrire un phénomène un peu exotique et symbolique, mais que le résultat pourra bien trouver une application très concrète susceptible de faciliter la vie d’un nombre indéterminé de personnes déjà suffisamment défavorisées et aux conditions de subsistance assez précaires pour que ça vaille la peine de leur consacrer cet effort de recherche. Voilà pour l’aspect projet qui occupe tout de même une grande partie du temps. Ensuite, d’un point de vue personnel, ce n’est pas seulement un vieux rêve qui se réalise. Cette fois ci j’atteints un certain but qui serait de se confronter à cette face sombre du monde appelée pays en voie de développement, appellation qui bien qu’assez inappropriée pour le sous continent indien, reste d’actualité au moins pour cette région du Kutch je pense. Se confronter car je ne parviens pas à dissocier ce genre de téléportation d’un tas de questions sur les raisons qui pourraient justifier ma présence dans cette région. J’ai précisé dernièrement que mes craintes sur la perception de la misère et de l’injustice s’étaient rapidement dissipées dans le quotidien Indien dans lequel ces aspects sont une composante tout à fait normale. Mais cela n’empêche pas le vertige des chiffres et toutes les têtes qui se tournent sur mon passage dans cette région reculée qui ne voit passer que très peu de blancs et qui rappellent bien que l’on représente quelque chose de particulier. Une journée de travail est payée ici moins de 2€, quand il s’agit d’un travail reconnu comme tel et bien payé ; un bon repas dans un restaurant correct du coin coûte 25 roupies, 50ct d’euro. Heureusement, ces questions s’effacent au fur et à mesure que les mêmes personnes sont retrouvées jour après jour et que la curiosité et la simplicité reprennent le pas sur le premier abord. Vous n’imaginez pas l’effort intellectuel nécessaire à un ouvrier indien pour franchir, tout désolé, une porte que je tiens ouverte. Mais ensuite, le temps de s’en remettre, il va m’inviter le lendemain à prendre un thé avec discussions à n’en plus finir aux chorégraphies bricolées ou dessinées sur le sol de poussière du tchaï bistrot. J’ai simplement la chance infinie de venir pour un intérêt partagé, ce qui me met à l’abri du bain de naturel et d’authentique que peuvent s’offrir, au prix d’un luxe insensé vu d’ici, certains occidentaux en quête de quelques chose divers ou varié. Ce sera plus dur la prochaine fois quand je reviendrai dans la seconde position… Après, il y a encore tous les bons moments, le passage au temple de Mata na mat en attendant le prochain bus, haut lieu de pèlerinage hindou, ses très anciennes statues vénérées, ses colonnades de dentelle, ou bien encore le temple de Suthari, recouvert d’argent et d’or, dont chaque étage comporte quatre statues de marbre blanc, dos à dos vers les quatre directions géographiques. Ou bien encore la rigolade avec ce vendeur polyvalent qui répond en même temps à trois téléphones et à qui j’apprends qu’il est le sosie parfait d’un acteur français, Jahmel Debouze. Puis je lui traduis l’intégralité de son photocopieur acheté pas cher et qu’il utilise depuis trois ans en aveugle avec toutes les fonctions et réglages qui s’affichent en français… J’adore. Ou encore ce petit (de taille j’entends) jeune ingénieur très sympa avec qui je travaille, qui du haut (si j’ose dire) de son vécu est absolument terrorisé à l’idée que je me retrouve seul perdu dans cet univers hostile qu’est le Kutch, malgré l’énergie que je déploie à tenter de le rassurer… Finalement, je pense que la seule chose vraiment difficile à supporter depuis ma venue est ce système de castes qui organise encore la société. On a beau être prévenu, cela transforme le plus sympa des collaborateurs en personnage absolument méprisant et antipathique dès que l’on est confronté au monde extérieur, sur un chantier ou bien dans une file d’attente quand il vient se placer tout naturellement en première position ou qu’il jette au beau milieu de la pièce les ordures que d’autres ramasseront. J’ai beau me persuader que c’est normal, j’ai du mal à me retenir, d’autant que l’on sent bien que cela soulève malgré tout un certain ressentiment aux alentours. Mis à part ce désagrément passager, je pense qu’en coupant depuis des générations la prise de décision de la mise en oeuvre pratique et appliquée, cela se révèle plutôt improductif sur le terrain, en regard du nombre de personnes déployé, mais cela reste un avis encore très partiel. Bref, voilà ce qui fait un petit quotidien sans rien de vraiment extraordinaire si ce n’est le fait de le vivre ; je pourrais encore vous parler des paysages et de tas de choses. Mais pour cela il y a les photos et votre imagination. A très bientôt…

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commentaires

C
Ok!! je me demandais aussi en lisant ta réponse par mail "mais pq owen est-il si avare en mots" donc je me rends sur ton blog où j'y lit ton dernier pavé (en mots biensûr)...c curieux et excitant de lire ton récit, de comprendre tes interrogations et préoccupations et à la fois de tenter de se projeter la-bas...<br /> La vendeuse de l'agence à qui j'ai acheté les billets a eu une reflexion déplacée qui m'a à la fois glacée et sidérée: 'vous savez ils n'ont pas besoin de vous, ils n'attendent pas votre arrivée pour les sortir de la misère" en parlant des indiens. Je pense qu'elle a réagit comme ça parce que j'étais pressée au téléphone (à la parisienne, hélàs), et sans rentrer dans les détails j'ai dis que j'allais là-bas pour y retrouver une ONG...loool. que s'est-elle imaginée...une énième dévouée pour redresser le monde de ses petits bras. mais non voyons.<br /> <br /> enfin voilà, hâte et appréhension d'y être.<br /> <br /> continue l'histoire, la suite!!<br />
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T
A bientot

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